La domination à portée de main... ou pas.

Le cri strident et le bruit de la chute me sortirent de ma petite sieste quotidienne. Brazier était parti à la chasse et ne reviendrai pas avant un moment. Je me dirigeais en courant vers la source du bruit. Je fut stoppée net en voyant une créature violette toute clair et un énorme dragon pâle. 
Je m'approchait lentement avec méfiance de la créature armée d'un bâton de fer. Ma curiosité l'emportait sur ma timidité. Je dit dans une voix qui trahissait mon manque d'expérience dans la langue et l'habitude des tons draconien. "Bon-ourr... Toi êtrre qui ?" 
J'espèrait qu'elle me comprenais un minimum

Je craignait cette créature qui venait d'en terrasser une autre. Elle parlait bien et elle avait aussi des cornes. Même si je comprenais pas tout les mots, j'avais saisi le sens de la question. Surtout les interrogations que lançait son regard. 
"suis Elven. Pas savoirr qoua êtrre mais êtrre beaucoup drragon que autrre"
Décidément ma façon de parler était médiocre.

Je regardais Meenah droit dans les yeux. Lorsqu'elle évoquait les humains les pupilles de mes yeux se reduirent à deux fentes. Elle connaissais ce mot et détestait ceux qu'il désignait. "Eux tuer maîtrre de Brazier. Eux tuer Drragons détester moi." 
Brazier apparu en vol et se posait. Il avait vu les évènements de loin et délivrait Ozrael des chaînes qui l'entravaient. Il lui dit qu'il était là en ami et non en ennemi

J'essayais de comprendre tout ce qu'elle me disait. Humains,  monstres, protéger, dragons, si je veux, mal et elle parle d'elle en me tendant le bras. Avec ma queue je lui prenait la main et la serrait. Je regardais Meenah sans vraiment comprendre ce geste qui n'existait pas chez les dragons. 
Brazier s'inclina devant Zafreyja en signe de reconnaissance et baissa la tête vers Ozrael pour lui montrer son respect envers lui et sa compagne,  qu'il n'interviendra pas dans leurs affaires..

Le bruit m'avait fait sortir de chez moi. Il venait du village, j'en étais persuadé. Je me suis armé vite, ai pris mes dragons et je suis arrivé et j'ai survolé la place. Il y avait Elven, et elle détachait le dragon… ce dragon, c'était Ozrael ! Meenah était aussi là, et elle semait la pagaille. Les villageois avaient beau m'avoir rejeté, ils ne méritaient nullement leur sort ! J'ai atterri étant sur Bharro. Gharro, Edaleyä, Artéfer, Artéleyä, Glahri, Walg, Jalahri avaient atterri en cercle, prêts à attaquer. J'ai sauté de Bharro pour dire à Meenah avec mépris :
«Aujourd'hui, j'ai une folle envie d'égorger quelqu'un et d'éviscerrer un dragon, je crois que j'ai trouvé la bonne personne !»
J'ai ensuite ordonné en langue des dragons à Elven de s'éloigner, car Meenah était dangereuse.

La trollesse esquissa un mouvement de recul en apercevant des dragons arriver et grogna en se mettant en garde lorsqu'elle reconnut Dragono.

- Toi !

Ozrael se rangea aux côtés de Meenah et rugit furieusement, comme en signe d'avertissement. Sa gorge se teinta d'une lueur orangée et Zafreyja, si elle semblait beaucoup moins assurée, était également prête à intervenir.

- Qu'est-ce que tu me veux ? Je n'ai rien fait ! Je survolais simplement cette grosse île pour en explorer les environs et ces fous se sont mis à m'attaquer !

Elle pesta intérieurement. Si près du but ! Parviendra-t-elle seulement un jour à réussir à faire gober ses mensonges à quelqu'un ? Bon sang, elle haïssait ce type. Avec amertume, elle lui demanda :

- Tu n'as donc rien de mieux à faire que de traquer une pauvre trollesse en quête d'un abri ?

Je ne savais plus quoi faire. J'étais prise au dépourvu. Dragono mon seul ami me disais que l'autre était dangereuse. Mais elle avait l'air si gentille. Brazier compris la situation, me fit grimper sur son dos et alla derrière la horde de dragons récemment arrivée. 
J'étais impressionnée par ce qu'il se passait. Mais je ne savais pas comment réagir.
Grâce à mon sang dragon je pu demander par l'esprit à un des dragons, Artéfer, pourquoi tout ceci se passait. "Pourquoi Dragono la déteste ? Elle a l'air gentille pourtant. Même si j'ai du mal à comprendre ce qu'elle dit"

Je me suis mis à rire, me moquant ouvertement de la trollesse. Toujours en riant, j'ai confirmé :
«Exactement ! En ce moment, je m'ennuie et j'aimerais bien décapiter la menteuse et la manipulatrice que tu es ! Ce sont des fous, je te l'accorde, mais je sais que c'est eux les victimes. Et dans un instant, ce sera bien toi et ton dragon dont on pourra avoir pitié ! Et, si tu veux savoir, je trouve que du sang fuchsia ça irait bien sur mon blason !»
Artéfer répondit dans son esprit à Elven :
«Elle ment, son dragon aussi. Ils sont méchants et veulent tuer tous ceux qui respirent, même les dragons»

Meenah haussa un sourcil et esquissa un sourire moqueur pour répondre à la provocation de la chose vaguement humanoïde qui lui faisait face. Dans un léger rire, elle lui répondit :

- "Menteuse" et "manipulatrice" ? Oh, allons ! Ne sois pas si ridicule. Tes insinuations ont-elles seulement un vrai fondement ? Je veux dire, il ne me semble pas t'avoir déjà causé du tort et je ne vois pas ce qui te permet de proférer de telles absurdités à propos de moi.

Du coin de l'oeil, la trollesse aperçut Elven qui s'était réfugiée derrière la barricade que formaient les dragons de Dragono. Ce n'était pas bon; elle allait finir par le croire, et tout serait fichu. Comme pour témoigner de ses prétendues bonnes intentions, elle flatta l'encolure de son dragon avec un "chuuuut" apaisant afin de calmer ses ardeurs. Bien qu'il n'ait pas vraiment compris les raisons de cette réaction, qu'il jugeait totalement inappropriée dans le contexte, Ozrael obtempéra.

Pas très rassurée, la dragonne bleue avait observé avec attention la créature draconique et sa monture se réfugier derrière les autres; elle posa un regard d'une intense curiosité sur eux et laissa échapper un petit grondement amical à leur intention. Par réflexe, Meenah allait la réprimander mais elle s'en retint : l'autre aurait certainement davantage confiance en un dragon qu'en un être humanoïde.

Le grondement amical de la dragonne attirait toute mon attention et celle de Brazier. 
Déployant mes ailes, je restait au dessus de la tête du cracheflamme rougeoyant. Même si je pouvais voler  je n'avais pas encore beaucoup d'endurance dans les airs. 
Comment croire aux propos de Dragono. Certes je ne savais rien d'eux. Et ils détestaient tout deux les humains. Je comprenais pas ce qu'il se passait

Elle ne semait nullement le doute dans mon esprit. Ses supplications et ses compliments -enfin, bref, vous m'avez compris- sonnaient faux depuis le début. Toujours aussi railleur, je lui ai répondu avec un sourire et des gestes allant bien avec les paroles :
«Alors, viens donc boire un verre à L'auberge du Lutin ! À moins que tu ne préfères aller autre part… Tiens, j'ai une idée ! Dans une tombe ! Je serais là à tes funérailles, si tu en as et personne ne sera là pour te pleurer !»

La trollesse porta sa main à sa poitrine dans un geste faussement surpris et elle répondit à Dragono en exagérant grandement sa réaction.

- Tu m'invites à boire un verre ? Moi ? Alors que tu étais sur le point de me décapiter - ou du moins, de *tenter* de le faire ? Comme c'est courtois !

Malgré sa grande assurance et son air railleur, elle baissa néanmoins les yeux et lâcha en baissant légèrement le ton, l'air pensif :

- Dommage que je ne sache pas ce qu'est un auberge... ou peut être que c'est "une" auberge ? Rah, peu importe !

Elle secoua la tête pour se recentrer sur les évènements actuels et planta son regard dans celui de l'être, non sans avoir esquissé un sourire en constatant du coin de l'oeil que Zafreyja avait toute l'attention d'Elven. La balle revenait dans son camp, il fallait croire... l'oeil de la dragonne brillait d'un vif intérêt alors qu'elle se risqua à faire un pas vers l'humanoïde - et donc vers le reste des dragons, raison de ses craintes - en levant la tête bien haut pour l'observer du mieux possible. Elle sentait le dragon sans en être un et cela l'intriguait au plus haut point.

La dragonne m'intriguait au plus au point. Elle avait l'air aussi curieuse que moi. Mon regard ne quittait pas la dragonne bleue. Je lui adressait quelques mots dans la langue des dragons. "Je suis Elven. Et toi ? Tu as de très jolies écailles" Brazier capta mes paroles et me secouait sur sa grosse tête. Je revenait à la réalité et je suivait son geste. Il pointait Dragono et les autres dragons du bout de la queue. Meenah était elle vraiment dotée de mauvaises intentions ? Si tel était le cas et qu'elle voulait me manipuler elle verrais certainement mes crocs de très près. Si seulement je connaissais mieux cette fichue langue !

Meenah m'exaspérait,et si j'avais fait ce que mon âme me dictait, sa tête serait sûrement plantée sur une pique. Toujours avec cynisme, je lui ai répondu :
«Eh oui ! Il faut croire que je suis courtois lorsqu'on ne menace personne de mort. Tu me disais qu'ils t'a aient attaquée : pourquoi les massacrer dans ce cas plutôt que de fuir ? Allez, réponds-moi, pourquoi donc ?»

[y'avait 30 lignes au début de ce topic et maintenant y'en a plus que 4 D: *éternelle pavéteuse incomprise*]

La trollesse haussa les épaules et répondit instantanément, comme si cela relevait de l'évidence :

- Massacrer ? Je me suis défendue. Ce type là bas, fit-elle en pointant le cadavre du doigt, s'est mis à crier et à me courir après. Et puis il y avait... Elven, là. Je n'allais tout de même pas m'enfuir et le laisser la massacrer, mmh ?

Elle leva la tête pour observer la créature draconique. Dommage qu'elle ne comprenne pas sa langue; elle aurait à coup sûr pris son parti.
Zafreyja, toujours intriguée par Elven, lui adressa un nouveau grognement amical et s'avança encore un peu avec autant de prudence que la fois précédente. Ozrael tourna vivement la tête dans sa direction et considéra les dragons qui faisaient barrage d'un air mauvais; ainsi, ils étaient prévenus que si un seul touchait à la dragonne... il n'en sortirait pas intact.

Une idée me vint à l'esprit. Avec ma queue je guidait Brazier vers Dragono. Je descendis de sa tête en sautant et j'atterissais gracieusement sur le sol à côté de Dragono. Je lui chuchotais à l'oreille dans la langue draconique. "Je peux lui faire croire que j'ai rien compris et savoir ce qu'elle veut faire ici. Brazier pourra m'aider puisque l'on sait communiquer silencieusement" Je reculait et attendais sa réponse

J'ai acquiescé à la proposition d'Elven, me retenant de sourire comme je le fais lorsqu'une idée fourbe me plaît. J'ai répondu à Meenah :
«Admettons. Tu marques un point. Mais reste une question. Pourquoi ne fuis-tu pas ? Sache que je ne te retiens pas, tu peux toujours fuir et trouver une autre île où étendre ta tyrannie»

Meenah haussa un sourcil interrogatif en voyant Elven parler à l'oreille de Dragono, puis prit un air outré lorsque ce dernier lui adressa la parole.

- Moi ?! fit-elle dans un geste théâtral. Moi, un tyran ? Ca ne va pas ? Un tyran ! Elle est bien bonne ! Qui te dit que mon seul objectif dans la vie est de "répandre ma prétendue tyrannie" ?

Ridicule ! Outrant ! Comment pouvait-il la penser tyran ? Enfin, elle n'avait pourtant rien laissé transparaître ! Et puis, était-ce réellement une si mauvaise chose que d'aimer posséder des terres ? Il exagérait, pour sûr. Ca ne faisait pas de doutes. Ou, non; il avait certainement lancé ça, au hasard, pour lui faire abandonner sa couverture, et il s'attendait certainement à ce qu'elle confirme. Et bien non ! Raté, monsieur le reptile. Meenah se recentra sur la discussion et revint dans une attitude normale.

- Fuir ? Pourquoi fuir ? Si rien ne me menace, comme tu le laisses entendre, il n'y a pas de raisons pour que je fuie. Et puis...

Elle posa son regard sur Elven avant de continuer :

- Quand je l'ai vue, je lui ai tout de suite proposé ma protection. Eh, est-ce que tu l'as seulement regardée ? Elle ressemble à un dragon ! Ces fous sont capables de l'abattre de sang froid si elle traîne trop par ici.

Ses lèvres s'étirèrent en un sourire mauvais qu'elle s'efforça avec peine de garder neutre.
La dragonne bleue, voyant l'objet de sa curiosité à terre, baissa le nez et s'en avança prudemment.

cette dernière phrase je l'avais comprise. J'avais entendu ces mots une centaine de fois accompagnée de leurs signification. M'abattre? Juste parce que j'avais du sang de dragon? s'en était trop. Cela m'énervais au plus haut point et mes yeux se réduirent à deux fentes. Je n'avais jamais rien fait aux autres. Décidemment les vivants qui parlent n'étaient que des imbéciles et des tueurs. Ils ne connaissaient rien au monde ceux-là. A cause de toutes ces mauvaises pensées mon instinct de dragon pris le dessus et je grognait d'un air mauvais. Comme pour toutes les autres fois ou j'ai rencontrer des vivants qui parlent. Je fixais Meenah en montrant mes crocs. Puis je parti en courant me cacher dans la forêt afin d'observer les deux créatures de loin et me calmer.
Brazier quant à lui ne bougeait pas car il savait qu'il était inutile de me poursuivre.

Elven était partie, et elle avait eu une réaction que j'avais déjà remarquée chez Meenah. Elle avait fui pour calmer ses nerfs, et j'étais seul face à Meenah. D'accord, je n'avais aucune preuve ; mais accusations n'étaient fondées que sur son comportement. Mais ce n'était pas une raison, mon instinct disait souvent vrai, et mes mauvais pressentiments sont presque toujours confirmés. Je lui ai répondu, toujours aussi sûr de moi :
«Si tu le dis. Tu n'es peut-être pas un tyran. Tu n'es pas en danger là tout de suite, mais tu le seras si tu restes ici trop longtemps. La Garde est loin d'avoir épuisé toutes ses forces, et les habitants ne vont pas rester planqués dans leur maison, ils sont peut-être même déjà en train de confectionner un plan. En restant ici, tu prends des gros risques pour rien»

Comme soudainement mue par une force invisible, Meenah se désintéressa totalement de Dragono et se courba. Elle laissa échapper un feulement agressif et un sifflement saccadé, semblable à ceux que peuvent émettre les serpents, à l'adresse d'Elven pour lui signifier qu'elle ne l'intimidait pas. La trollesse revint dans un état normal et se redressa pour faire face à son interlocuteur.

- Huh ? Eux ? Me traquer ? répéta-t-elle avec incompréhension. Ils ont bien vu que j'étais plus puissante qu'eux pourtant. Ils n'en ont pas assez eu ? Est-ce que les humains sont à ce point stupides ?

Elle semblait troublée, comme si elle ne pouvait concevoir le fait que des humains prennent le dessus sur elle et qu'ils la mettent en danger. Soudain, elle planta ses yeux d'un jaune malsain dans ceux de Dragono et lui parla sur un ton franc.

- Nous n'avons qu'à nous allier. Toi et moi contre les humains. Je devine qu'ils ne t'aiment pas beaucoup non plus, mmh ? Ce serait juste.

Elle réprima avec peine un énième sourire mauvais, ce sourire qu'elle avait lorsqu'elle tentait de manipuler les autres pour les rallier à sa cause.