[Dragono] Observer avant d'agir.

Cela ne faisait même pas une heure que j'étais arrivée sur cette île inhabitée, et mes 3 dragons qui m'accompagnaient -deux briselunes et un cracheflamme- dévoraient le dragon que l'on a tué pendant le trajet. Je les regardai arracher la chair de leurs crocs pour l'avaler.
Je me mis à tousser puis à renifler, depuis quelques jours mon nez était bouché et ma gorge me faisait légèrement mal, et l'odeur de la viande n'aidait rien, cela me dégoûtait tellement… De plus, un draeneï malade pendant quelques temps est un draeneï qui est faible depuis sa naissance. Je serrai mon poing, l'idée d'être considérée comme une faible à cause de ces codes me donnait envie de tuer.

Mon ventre se mit à gargouiller, je n'avais pas mangé depuis 3 jours, je ne buvais que le sang des proies de mes dragons, détestant le goût de l'eau.
Je réfléchissais… si quelqu'un arrivait d'un coup, je ne serais pas au meilleur de ma forme, les chances de perdre seront alors plus grande.
Malgré mon dégoût, je m'approchais du cadavre en faisant bouger ma hache, comme si je m'armais d'elle. En entendant le bruit du métal qui se dégaine, mes dragons lâchèrent les bouts de viande qu'ils étaient en train d'ingurgiter pour les poser par terre et s'éloigner tout en me regardant.
J'arrachais un bout de chair du cadavre et le regarda longuement. Manger de la viande crue de dragon ne me dérangeait pas, non, loin de là, mais je n'étais juste en meilleure forme quand j'en mangeais. Un autre gargouillement de ventre enleva les pensées que j'avais dans ma tête et j’enfournai le bout dans ma bouche et l'avalai d'un trait, pour éviter d'avoir le goût pendant longtemps.
Un de mes dragons se mit à grogner en voyant un morceau ne pas être dans son estomac, je me tournai alors vers lui, le regard dur et préparant à sortir mon arme. Les autres grognaient vers lui, et celui qui se faisait engueuler, si on peut dire, couina comme un bébé et se baissa pour montrer que je suis supérieure à lui.
Je ne pus pas m'empêcher de dire, avec sarcasme « Eh bien, tu es plus utile que les objets que j'ai laissé sur mon île… bon chien ».

Sans qu'il ne passe rien que ce soit, un de mes dragons leva rapidement sa tête et montra les dents. Il semblait se passer quelque chose…
Par réflexe, et par envie, je m'éloignai de l'endroit où je me trouvais avec mes dragons – dont un qui portait la carcasse – et tentai de trouver un endroit où me « cacher », histoire de voir ce qui se passait réellement sans me faire observer. En chemin, je coupa un autre morceau plus gros et le mangea, je dois être prête à tout.
Je réfléchis, et me dit que si un humain, elfe ou autre, arrivait, je pourrais jouer de la carcasse encore pleine de chair, du sang qui coule de ma bouche et faire comme si je n'étais qu'une sauvage qui bouffait ses dragons morts pour survivre à cause de la catastrophe.
Je souris à mon idée… il ne reste plus qu'à attendre et tenter d'observer.

Cela se passa plusieurs heures avant mon arrivée sur l'île de Sarsh

J'étais en train de me diriger vers l'île de Sarsh. Je m'étais fait bannir de l'île Refuge. À cause d'un malentendu, mais banni. À cause de la trollesse Meenah, et de son foutu dragon. Sa mort approchait, et qu'elle le sache ou pas, elle sera horrible. Nombre d'insultes de différents patois nains et orks (ce sont ceux qui ont le plus d'insultes dans leur dictionnaire) sortaient telles autant de serpent venimeux. Ce que je répétais le plus souvent était :
«Pogt ! Sale tark de Meenah, qu'elle aille se faire bouffer par des dragons tout de feu et de crocs enragés ! Sa tête pendra au bout d'une foutue pique, je donne ma parole !»
Le soleil allait se coucher, et nous devions pour notre santé mentale en faire de même. Le sommeil commençait à se faire sentir, et seul le vent glacé qui me fouettait le visage tel une queue de percebrise me gardait éveillé. Nous avons atterri sur une petite île, au milieu d'une clairière qui se trouvait au centre d'une forêt de sapin. Une trace de sang sur l'herbe verte attira mon attention. À l'endroit où je regardais, on voyant bien qu'un cadavre se trouvait peu de temps auparavant. Je me suis approché du lieu du crime, et vit que, vu la marque rouge sur le sol, ce n'était pas un simple animal qui se trouvait là mais un dragon. Il n'y restait presque aucun os, juste quelques bouts de chair. Une traînée sanguinolente se dirigeait vers la forêt et, pour être sûr que je ne risquais rien pour cette nuit, j'ai décidé de suivre les traces. J'ai fait signe à Gharro, Bharro, Artéfer et Artéleyä de me suivre et ils me rejoignirent. Nous arrivâmes assez rapidement à la carcasse du dragon. La gorge était arrachée, les ailes avaient déjà été dévorées et bien d'autres détails morbides étaient présents… autant s'abstenir. Qui tuait encore des dragons ? S'il y a bien une créature pour laquelle on ne veut pas la mort, c'est un dragon ! Non ? En tout cas, j'ai dégainé mes deux sabres, et les genoux fléchis, le regard acéré, j'étais prêt à égorger la créature qui avait commis cet horrible meurtre.

Le bruit de l'acier dégainé attira mon attention et je me cacha rapidement dans des buissons, observant l'être près du cadavre qu'un de mes dragons avait lâché. Une bêtise sans nom.
Je dévisageai cet… Humain ? Elfe ? Serpent à cause de ces écailles ? Qu'est ce que c'est que… cet être vivant ? J'affichai une mine dégoûtée et tira la langue, je n'avais, au grand jamais, vu quelqu'un d'aussi… bizarre physiquement, à part moi bien sûr.
Je voyais ces griffes, elles attiraient mon attention, elles semblaient être presque aussi puissante que les griffes de mes dragons.
Je me mis à hocher la tête, il n'y avait AUCUNS intérêts à me battre contre cette personne, aussi étrange soit-elle, il valait mieux que je sois dans son camp pour me servir de lui. Si il est aussi puissant qu'un dragon, tout sera parfait et l’île refuge sera à moi, à moi la belle vie, à moi la tristesse des humains, à moi cette dictature !
Un rictus se dessina sur mon visage, et je laissa échapper un ricanement sourd pour… tousser, assez fort à vrai dire pendant plusieurs secondes. Je me mordis la langue, pourquoi fallait-il que je sois « malade », « faible » ? Vu la direction de ses oreilles, il m'avait entendu, c'était sûr.

Il fallait que je joue mon rôle jusqu'à la fin, je m’asseyais et mima le bruit des pleurs, je portais mes mains près de mes yeux -même avec mon aura les entourant, il n'y avait aucunes larmes, mieux valait tout cacher- et renifla tout en continuant de « pleurer ». Je murmurai des « désolé Liggwad » -à savoir que ce dragon n'avait pas de noms, les objets ne doivent pas en avoir- de plus en plus fort. Mes dragons s'approchèrent de moi, trouvant cela bizarre d'entendre des pleurs venant de moi, mon seul cracheflamme se coucha près de moi et posa sa tête sur mes pieds.
Je m'empêchai de grogner contre lui, non, il fallait que je continue ce jeu, je devais gagner sinon la mort m'attendra… à nouveau, quelle belle pensée, non ?
Je secouai ma tête, et continua mes pleurs et mes « murmures », devenus de simples paroles.