Présentation de Llunah.

Lors de la catastrophe, Lun n'avait que trois ans. Le choc émotionnel fut si intense que sa mémoire fit un rejet, et éradiqua totalement les si maigres informations que la fillette possédait sur sa vie antérieure. Désormais retrouvée seule, amnésique, sans défense, et perdue dans une nature redevenue si sauvage et hostile, elle était clairement destinée à mourir. Elle avait alors été secourue, dans un premier temps, par l'instinct maternel et protecteur si développé de Zafrejya, la dragonne de Meenah, qui l'avait trouvée par hasard. Celle-ci avait décidé de l'élever en cachette, profitant de l'habitude de ses nombreuses escapades. Mais Meenah avait fini par découvrir assez rapidement la supercherie et, bien qu'à contrecoeur - cela va de soi -, elle avait pris également la fillette sous son aile, motivée principalement par la curiosité d'avoir trouvé une écaille de dragon dans ses cheveux. Même si la patience et la pédagogie n'étaient pas le fort de la trollesse, le caractère discret et observateur de Lun lui avait permis de s'adapter au style de vie de sa tutrice, tout en sachant écouter les besoins de solitude de cette dernière. Neuf ans plus tard, lors d'une bataille contre un des monstres dont regorge la forêt, les deux alliées furent séparées. Attaquée par une créature, Lun fut gravement blessée.
Elle fut alors découverte par un voyageur, qui la soigna et l'éduqua pendant trois ans.  A la découverte de l'île Refuge, elle fut déposée à l'orphelinat de l’hôpital, où sa principale tache était de prêter main-forte aux infirmières. Elle rencontra une jeune fille muette qui, comme elle, passait son temps libre à aider les autres. Petit à petit, les deux humaines s'apprivoisèrent, en dépit de leurs histoires respectives. Lun était admirative de son sourire sincère, et de sa gentillesse naturelle. Elle l'observait souvent en train de faire des tours de magie pour égailler les enfants de l'orphelinat, si bien que, quand cette dernière la remarqua, elle lui appris à rassembler son énergie afin de créer de petits phénomènes surnaturels. Lorsque Lun réussit pour la première fois à changer le contenu d'un verre d'eau en glace, son amie lui offrit une de ses boucles d'oreille d'argent en guise de récompense, et la gratifia d'un énorme sourire rempli de fierté, et d'une autre émotion que la jeune fille ne comprit pas sur le moment : la compassion. Le lendemain, plus personne n'amusait les enfants de l'orphelinat, et une chambre supplémentaire était libérée au sein de l'hôpital. Lun ne connaissait même pas son nom, mais pour la première fois de sa vie, elle pleura. Par la suite, elle apprit que son amie avait une défaillance cardiaque, et que sa survie ne se comptait plus qu'en jours.
A sa majorité, ayant obtenu une bourse pour orphelins, Lun quitta l'hôpital, et s'installa au sein de l'île refuge, dans une minuscule chambre sous les combles d'une auberge bon marché. Une nuit, elle fit un rêve sortant de l'ordinaire et étrangement réaliste, où elle était allongée dans l'herbe bruissante d'une prairie dont la terre tremblait légèrement, balayée par les vents, et entourée d'un chaos sans précédent. Mais étrangement, elle se sentait rassurée, protégée, grâce à une présence sur laquelle elle mit un nom lorsque sa main rencontra la texture écailleuse d'un dragon. Peu de temps après, Lun décida de s'exercer au tir à l'arc, pour être capable de se défendre par ses propres moyens, afin de se lancer à la recherche de Meenah.

Lun est la définition-même de la discrétion. Appréciant la solitude, l'un de ses passe-temps favoris consiste à se cacher dans un endroit en hauteur afin de pouvoir lire ou observer son environnement. Néanmoins, la compagnie ne la dérange pas non plus, pour peu qu'on ne se vexe pas de son côté émotionnel et bavard très réduit. Relativement curieuse, elle s'est mis en tête de toucher à tous les domaines afin de rattraper les quelques années de son enfance où elle ne connaissait pas l'existence des livres et du savoir dont ils regorgeaient. La jeune femme a également appris la musique sur un vieux piano poussiéreux entreposé dans sa chambre, un instrument sur lequel elle s'est découverte capable d'exploiter pleinement ses émotions, en passant par la douceur de nuances calmes et l'impétuosité de sons graves et frappants ; néanmoins personne n'est au courant, sauf éventuellement l'aubergiste... D'une nature observatrice, elle sait apprécier les petits moments de bonheur qu'apportent la vie, comme la sensation du vent sur son visage. En revanche, elle déteste que quelqu'un la fixe dans les yeux, sans connaître exactement l'origine de cette frayeur personnelle. Son point faible est également qu'elle ne tient pas l'alcool, mais chut.

Lun est partagée entre différents avis : la crainte évidente de ces immenses bêtes capables de tuer le moindre humain chétif en un coup de griffe, la fascination due à la beauté et la grâce de ces créatures, et la volonté de retrouver le dragon qui l'a protégée lors de l'explosion d'il y a dix-neuf ans, bien que ses seuls indices se trouvent dans ses rêves.