[Monorp] Ceci est un avertissement…

Je m'étais recousu l'endroit blessé, et j'étais pratiquement soigné. Je m'avançais dans les ruelles, me dirigeant vers le château en faisant un détour du côté du cimetière. Il faisait nuit depuis peu, et les nuages inexistants nous permettaient d'admirer le faible croissant de lune. Je faisais peu de bruit en marchant, mon pas étant léger sur les dalles. Je suis arrivé sur la place, qui était quasiment vide. J'ai ralenti en avançant vers le château, et j'ai toqué à la porte du château en attendant qu'un garde, plus ou moins sympathique, m'ouvre la porte et m'emmène voir un des Six.

Le garde ne m'avait sûrement pas reconnu, et heureusement. Après avoir acquiescé précipitamment, je lui ai répondu :
«Oui, et c'est de la plus haute importance, surtout pour eux : leur survie et le bon fonctionnement du village en dépendent peut-être»

J'ai suivi le garde, qui marchait d'un pas rapide : il était sûrement pressé que son tour de garde soit fini. Quand j'ai pu entrer dans le bureau de l'intendante, je lui ai dit :
«Bonjour madame ; je sais que le moment aurait pu être mieux choisi, mais j'ai à vous parler de choses bien plus sérieuses que de l'heure. Mais je veux garder l'anonymat, et ces informations vous sont venues d'un inconnu, d'accord ? Je risque beaucoup plus que ma vie en vous prévenant»

Elle m'avait reconnu, et autant lui dire qu'on s'était déjà rencontrés pour la quête, plutôt qu'elle ne creuse dans sa tête et ne me reconnaisse directement :
«Oui, j'étais accompagné d'une elfe, c'était pour la quête dans Relaya. Il se trouve que j'ai espionné des personnes, qui vous veulent sûrement du mal, et qui sont avides de pouvoir. Ils sont en possession de diamants, et ils connaissent sûrement de puissantes incantations pour les utiliser à des fins meurtriers. L'une de ces deux personnes est peut-être toujours à l'hôpital, et son complice ne peut être bien loin»

Savait-elle au moins qu'elle était la puissance des diamants ? Un seul diamant pouvait parfois faire tourner la balance en la faveur de celui qui le possédait ! J'ai approuvé les précédentes paroles, argumentant :
«Je sais que ce sont tous les deux qui dirigent le tout, mais ils ont sûrement des contacts, voire des infiltrés, peut-être même que l'un d'eux nous écoute en ce moment…»
Ce n'était pas que je trouvais ce garde louche… mais c'est justement lorsqu'on a confiance qu'il faut se méfier. Lorsqu'elle m'a redemandé s'ils étaient bien à l'hôpital, j'ai acquiscé faiblement sans bruit, mais montrant bien que je n'en mettrais pas ma main à couper. J'ai sorti les portraits de ma poche : j'ai mis longtemps à les trouver, et j'ai sorti les trois… et aussitôt, je me suis empressé de ranger le troisième. J'ai expliqué à l'intendante :
«Je ne peux pas prendre le risque de vous suivre, il suffirait qu'ils fassent le lien et préviennent d'éventuels contacts, et ma vie serait compromise. Comprenez-le»

Elle ne savait pas ce que je savais… pour ce qui est des infiltrés. Aucun lieu ne peut être qualifié de sûr à cent pour cent, et j'en suis la preuve vivante, car je moi filtrais parfois dans les alliances adverses pour leur soutirer des informations stratégiques : c'est une des raisons pour lesquelles la guerre nous a été à peu près favorable, même si dans une guerre, il y a deux parties : la préparation, très importante et à ne pas négliger, mais aussi et bien sûr le combat, qui montre si la préparation était une réussite ou pas, complète ou partielle. Pour ce qui était des portraits, je n'ai que peu hésité : à quoi bon garder les esquisses de mon employeur concernant ces cibles que certains qualifieraient de victimes ? Le sommeil commençait à se faire sentir, et j'ai répondu à l'intendante :
«Gardez-les, ils ne me seront plus d'aucune utilité. Maintenant, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je vais rentrer dans mon logis pour pouvoir me reposer. Ah oui, et, tant que j'y pense, je suis désolé, mais nos recherches en Relaya n'avancent pas, mais nous y mettons toute notre âme»
Je me suis dirigé vers le garde, pressé de ressortir de ce château et de pouvoir enfin me coucher.