[Elven] Ce n'est pas une fuite, c'est un repli stratégique

Ozrael avait volé vite depuis le "champ de bataille" qui s'était établi sur l'île Refuge quelques minutes plus tôt, même si ça ne lui demandait pas beaucoup d'efforts; ses ailes immenses aux muscles puissants pourraient le porter durant des jours. Ce qui lui demandait un effort considérable en revanche, c'était de garder sa maîtresse en vie entre ses énormes griffes acérées. Elles n'étaient pas conçues pour transporter des gens; elles étaient conçues pour trancher, lacérer, sectionner, bref, pour tuer.
Alors qu'il quittait l'enceinte de l'île Refuge, il se mit à scruter les cieux avec une grande attention. Il ne pourrait pas voler éternellement avec Meenah dans ses serres, pas sans aggraver ses blessures en tout cas... et pour une fois, il devait se débrouiller seul, la trollesse n'étant pas en état de rassembler suffisamment d'énergie à communiquer avec son esprit par le biais de sa tiare. Enfin, ce n'était pas un problème... le dragon était sans doute beaucoup plus vieux que ce que la plupart des gens pensent en le voyant et il avait dû survivre sans aide durant des siècles, voire des millénaires avant même que Meenah ne voie le jour.

Revenons donc à la situation actuelle... le dragon et sa maîtresse venaient d'échapper de justesse à une troupe de gardes grâce à un habile stratagème de la trollesse, et même si ils étaient sans doute occupés avec l'adversaire initiale de cette dernière ils pourraient se mettre à les traquer à tout moment. Il fallait donc trouver une cachette, et il fallait la trouver rapidement... c'est finalement après quelques minutes de vol que l'immense cracheflamme pâle traversa les feuillages d'une île secondaire entièrement boisée, provoquant l'envolée de nombreux oiseaux. Juste avant d'atterrir, à quelques centimètres du sol, il déposa délicatement Meenah qui tituba sur quelques mètres.
L'endroit était parfait ! C'était un genre de clairière, mais les feuillages des arbres s'étendaient tellement que rien ne laissait présager la présence d'un sol dégagé, vu du ciel. Une douce lueur tamisée s'étendait sur toute la surface de la clairière et, curieusement, aucun son hostile ne se faisait entendre.

C'était le dernier des problèmes de Meenah, néanmoins. Alors que Zafreyja venait de se poser avec légèreté et de relâcher Elven qu'elle tenait avec ses lèvres, elle s'efforça de garder l'équilibre mais chuta bien vite à quatre pattes - ou plutôt trois, son bras gauche étant invalide, des larmes nimbées de fuchsia coulant le long de ses joues, des larmes de souffrance. La trollesse tremblait. Elle n'avait pas perdu, non. Elle ne pouvait concevoir la défaite. Eh, elle avait même mis son adversaire dans de beaux draps ! Oui, son honneur était sauf, et surtout son ego était intact. Mais la douleur... la douleur rongeait son bras, et le sang qui coulait au sol, et le froid qui l'envahissait. Elle serra les dents et poussa un long cri de douleur.

Je m'étais endormie durant le petit voyage. Le cri de Meenah me réveillait en sursaut. Regardant la source du cri, je vit Meenah dans un sale état. Je m'approchait doucement d'elle avec de petits bruits rassurants et la pris dans mes bras. Avec ma queue je pris doucement son bras blessé et examinait la blessure. Elle était longue et profonde. De mes petites ailes j'entourais Meenah et lui dit à l'oreille "moi soigner toi... Toi blessurre grrrave"

Meenah rouvrit ses yeux trempés de larmes qu'elle avait fermés un instant. Elle se laissa faire lorsque Elven la prit dans ses bras - que pouvait-elle faire ? La trollesse avait du mal à l'admettre, mais dans cet état elle avait besoin de l'aide des autres et ne pouvait pas se permettre de les rejeter. Besoin de l'aide des autres... c'était absurde, elle n'avait jamais eu besoin de personne ! La dépendance n'est jamais bénéfique, elle peut amener à des trahisons et en moins de deux vous vous retrouvez avec un couteau planté dans le dos. Enfin, en réalité, elle n'en savait rien; elle n'avait jamais vraiment été dépendante de quiconque, mais le concept même lui déplaisait. Elle était parfaitement capable de se débrouiller toute seule, après tout. Question de fierté.
Mais la trollesse n'avait jamais été blessée gravement autrefois, les dragons offrant un bouclier d'écailles idéal, et il fallait bien qu'elle le réalise : il y a des fois où il faut ravaler sa fierté, et accepter de se faire aider.

Son visage se tordit d'une affreuse grimace lorsque Elven réveilla la douleur en prenant son bras et de nouvelles larmes coulèrent le long de ses joues. Peu fière de cette situation, elle baissa les yeux... mais après tout, ne l'avait-elle pas dit elle même ? Cette créature était naïve et bienveillante; si elle était facile à duper, cela signifiait sans doute que le concept de trahison ne lui était pas familier.

je lâchait Meenah et la couchait par terre. Il me fallait des plantes et de la toile pour refermer la blessure. Je parti donc entre les arbres.
Une heure plus tard je revenais avec toutes sortes de plantes très odorantes. j'entrepris d'en mâcher quelques unes et les appliquais sur la blessures en tenant le bras avec ma queue pour que Meenah ne le retire pas avec la douleur. Une fois cela fait, je tressais des plantes duveteuses autour de son bras pour recouvrir la plaie et arrêter les saignements.
une fois fini je relâchais son bras et lui souris "FINI!" Puis je me dirigeais vers un arbre, y grimpait sur une branche haute et m'y reposer.

A peine fut-elle par terre qu'elle chercha immédiatement un moyen de se relever, un endroit où aller, où était Ozrael, où était Zafreyja, où étaient les arbres, où était-elle d'ailleurs ? Son bras sur lequel elle s'appuya instinctivement pour se relever la ramena à la réalité et elle laissa échapper un gémissement de douleur. Alors voilà, elle était là, couchée par terre, à la merci du moindre prédateur. Ce n'était pas digne d'elle; elle s'agita, mais la présence de l'énorme masse de muscles qu'elle connaissait si bien au dessus de sa tête l'apaisa. Il souffla chaudement sur elle et se mit à gronder avec bienveillance, attitude rare chez Ozrael. Elle n'aimait vraiment pas être dans cette situation, mais si le cracheflamme était là pour la protéger, ça devrait aller...

La trollesse resta là longtemps. Très longtemps. Trop longtemps, et puis finalement Elven revint. Enfin ! Au bout d'une heure, une heure sans bouger, une véritable torture... mais en fait il aurait peut être mieux valu qu'elle ne revienne pas. A peine arrivée que déjà elle étalait des choses sur sa plaie béante, sa queue empêchant Meenah de réagir, lui faisant tirer la grimace une nouvelle fois. Elle se mit même instinctivement à feuler, en direction du ciel et non de la créature cependant, sous l'action de la douleur. Enfin; elle décida de faire abstraction, dans la mesure du possible. Question de fierté, une fois de plus.

Quand l'autre, par un cri enjoué, lui signala qu'elle avait fini, la trollesse découvrit son bras tout enveloppé de plantes; la sensation était étonnamment très agréable - tout est relatif, elle souffrait toujours autant pour sa plaie. Et puis Elven s'en alla et grimpa au tronc d'un arbre avec l'agilité d'un korala.

Meenah l'observa, dubitative, et s'accrocha au museau d'Ozrael de sa main valide pour se remettre sur pieds. Alors qu'elle observait en détail l'endroit dans lequel le dragon l'avait emmenée, Zafreyja s'approchait avec curiosité de l'étrange créature draconienne, qu'elle pouvait enfin voir de plus près, en lançant un grondement amical.

Perchée sur mon arbre je surveillais Meenah pour voir si elle s'en sortais. Les plantes devaient être en train d'agir sur la plaie et la soulager de ses souffrances. Ce gros cracheflamme pâle attisait ma curiosité. Il devait être un poil plus vieux que Brazier. D'ailleurs celui-ci ne nous avait pas suivi. Il devait être avec le violet reptilien qui parle dragon. Meenah aussi attirais grandement ma curiosité. Je n'avais jamais vu de pareils créatures. Mais elle était sauvage. pas comme l'autre. et ne parlais pas non plus la langue des dragons. En fait en y regardant de plus près, cette créature étrange et moi on se ressemble sur quelques points précis.
La dragonne bleue s'approchait de moi avec un grognement amicale. Je lui répondit sur le même ton et tendais ma main vers elle pour qu'elle vienne y mettre son museau.

Zafreyja vient fourrer son museau dans la main de la créature et ses naseaux se dilatèrent alors qu'elle la reniflait. La dragonne finit par y donner un grand coup de langue, puis elle leva la tête un peu plus haut et parcourut tout le corps d'Elven, intriguée par les odeurs qu'elle y sentait.

La trollesse, elle, se mit soudainement à scruter le sol avec une grande attention; il fallait qu'Ozrael ait pris son trident en même temps qu'elle ! Que ferait-elle sans arme ? Que ferait-elle sans sa magnifique arme, sa sublime arme, si belle, si brillante, si... précieuse... toute d'or faite... ah ! elle était là. Elle se baissa pour attraper la hampe du trident et s'en servit comme d'une canne. Oh, elle aurait très bien pu se trouver une nouvelle arme, dans le pire des cas... mais l'or était la grande passion de Meenah, ça et les pierres précieuses, et pourtant elle n'en manquait pas, sa tenue en étant presque exclusivement composée. Tous ces minerais étaient si beaux, si parfaits, et ils brillaient. Surtout. Elle aimait beaucoup les choses qui brillent; ça faisait partie de la part d'elle qui était restée primitive.
Elle leva un peu la tête et finit par apercevoir Elven, sur une branche. Zafreyja était toute occupée à la renifler; ça ne l'étonnait pas. Non seulement elle était douce de nature, mais en plus son instinct maternel était surdéveloppé... c'était un sujet à propos duquel la trollesse pestait beaucoup; en effet, si elle la laissait faire, elle s'enticherait d'absolument toutes les créatures en Alanya. Ozrael néanmoins ne s'intéressait pas à cette créature; ça ne l'étonnait pas non plus... si la femelle était protectrice et curieuse, le mâle était agressif et méfiant.

La langue de la dragonne bleue et pleine de bave mais cela me dérangeais pas. Quand elle parcouru tout mon corps de ses naseaux je ne pu m'empêcher de rire. "tu me chatouille" lui ai-je dit dans sa langue. Puis je m'agrippais à elle et grimpais sur sa tête.
J'observais le cracheflamme pâle. Je trouvais que Brazier étais déjà très impressionnant avec sa carrure musclée mais alors celui-ci battait tout les records! Il n'avait pas non plus l'air très joueur. Mais j'avais très envie de l'approcher.

La dragonne se mit à bondir joyeusement un peu partout dans la clairière, en veillant néanmoins à ne pas trop déstabiliser la créature. Elle était d'humeur joueuse et, les yeux levés bien haut pour essayer de voir Elven, elle se mit à la chatouiller avec sa queue.
Ozrael avait émis un léger grondement contrarié lorsque Zafreyja l'avait bousculé en bondissant et se concentrait désormais à la fois sur les sons de la forêt et sur Meenah. D'un côté, ses sens étaient aux aguets et il était prêt à carboniser la moindre créature hostile; de l'autre, il ne quittait pas sa maîtresse des yeux et intervenait rapidement pour la redresser de son museau lorsqu'elle défaillait. Ses jambes n'avaient certes pas été touchées, mais les colossales pertes de sang l'avaient affaiblie.

La trollesse était agacée, réellement. Elle ne supportait pas cette situation; elle avait toujours eu le plein contrôle de tout son corps et la rage bouillonnait en elle, s'accumulant un peu plus à chaque fois qu'elle manquait de tomber. Elle chercha Elven du regard et la trouva sur la tête de la dragonne bleue; si elle n'avait pas été aussi excédée, elle aurait sans doute souri. Son plan marchait, finalement; elle la rallierait sans doute à sa cause... mais où était son dragon ?

Zafreyja bondissait dans tout les sens et je fini par perdre la prise que j'avais pour me retenir. Je tombais de la tête de zafreyja mais me rattrapais avec mes petites ailes atterissant au sol tout en douceur.
Je souriais à la dragonne pour lui dire que tout allait bien.
Puis ma curiosité pris le dessus. Je tentais une d'approcher Ozrael, lentement et sûrement, lui disant que je ne voulais lui faire aucun mal. J'étais élevée par un dragon et je savais qu'il ne fallait pas déranger les mâles durant certaines periodes.

Lorsque Elven tomba, la dragonne se mit tout de suite à procéder à un examen rapide. Lorsqu'elle vit qu'elle n'était pas blessée, elle lui donna un autre coup de langue affectif dans le dos et se mit à la regarder évoluer vers le grand dragon pâle, dont le grondement menaçant croissait à mesure que l'être draconique approchait. Il avait commencé à déployer ses ailes et à gonfler ses muscles pour se faire plus impressionnant et l'on pouvait comme entendre les quelques flammes qui bouillonnaient dans sa gorge.

- Attention avec Ozrael. Il est capable de t'avaler toute crue.

Meenah, qui s'était assise dans un coin, avait lancé cet avertissement sur un ton étrangement neutre. Elle n'avait plus vraiment la force de se montrer véhémente - pour l'instant, du moins - et puis, même si le concept de remerciement lui était en grande partie étranger, elle devait reconnaître que se montrer agressif n'était peut être pas la meilleure solution de se mettre dans la poche quelqu'un qui vient de vous soigner.

En voyant que le cracheflamme pâle grognait de plus en plus, je m'assis par terre et l'observais. Puis je lui dis que je n'avais aucune intention hostile à son égard. C'était peu-être à cause de mon sang de dragon qu'il était aussi méfiant. Et puis je vais le laisser tranquille.
Je me dirigeais vers un buisson non loin de là, je l'aplatissais et m'y enroulais comme les dragonnets le faisaient auprès de leur mère. Avec une aile je cachais mon visage et me protégeais de la lumière pour faire une petite sieste. J'avais l'habitude de sortir surtout pendant la nuit à cause des villageois de la grande île.

Instinctivement, Zafreyja laissa échapper un grognement doux alors qu'elle venait près d'Elven pour se coucher et la protéger en étendant son aile. Meenah observait la scène en roulant les yeux au ciel : décidément, elle ne changerait jamais sa dragonne...
L'immense dragon pâle, qui avait cessé de gronder mais considérait toujours la créature d'un oeil mauvais, se rapprocha de sa maîtresse. Elle lui adressa un sourire épuisé - comme quoi, la fatigue peut faire faire des choses étranges... - et Ozrael gronda avec compassion alors qu'il sentait le bras bandé de la trollesse.
Cette dernière s'abandonna finalement à une longue contemplation d'Elven. La créature était vraiment atypique... même si elle l'avait déjà remarqué dès leur premier contact visuel. Paradoxalement, elle lui ressemblait néanmoins. Non pas en apparence évidemment : pas de branchies, pas de nageoires, des écailles et des ailes, mais foncièrement.
N'avait-elle pas eu, tout à l'heure sur l'île Refuge, une réaction digne de celles d'une créature sauvage en grognant et en fuyant ?

Je me laissait bercée par la douce respiration de la dragonne et la chaleur qu'elle dégageait. Je n'avais jamais eu de mère et ces petits gestes de sa part me faisaient le plus grand bien. Je sombrais lentement dans un profond sommeil. Je ne sentais plus rien autour de moi. 
Puis je rêvais. Non pas un petit rêve doux et agréable mais un rêve cauchemardesque souvenirs de la grande catastrophe. Tout les évènements que j'avais vécu, j'avais l'impression de les revivre. La petite île qui s'effondrait, Brazier qui fuyait les flammes, et moi qui avait été prise dans les décombres. Gravement blessée j'avais perdu connaissance. 
Soudainement, je me réveillais en sursaut, le coeur battant, la respiration saccadée et transpirant à cause de la peur. Je verifiait tout autour de moi mais tout était intact. Je comprenais finalement qu'il s'agissait d'un rêve

Meenah pestait. Cela faisait un bon moment qu'elle tournait en rond dans cette clairière et cela faisait un bon moment qu'Ozrael la suivait à la trace pour la rattraper lorsqu'elle tombait, grondant légèrement pour manifester son mécontentement. Enfin, elle n'avait rien à faire ici ! Rien à faire, et elle ne pouvait rien faire non plus. Non, vraiment; elle ne supportait pas cette situation. Pas sur la terre ferme, du moins : il était bon de flâner dans l'eau... l'eau lui manquait d'ailleurs, et ses branchies sèches ne lui procuraient pas de sensations très agréables. Tout l'agaçait, littéralement tout.

Elle se retourna, les sourcils froncés, lorsque Elven se réveilla en sueur, Zafreyja à ses côtés posant son museau sur sa tête et l'observant avec interrogation. La trollesse se demandait vraiment quelle mouche l'avait piquée, à celle-là... s'efforçant de ne pas se montrer agressive malgré la douleur et l'agacement profond, elle lui lança :

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Le contact avec la dragonne me faisais le plus grand bien. Quand Meenah me demandais ce qu'il y avait, je levait mon haut et lui montrait la grande cicatrice que j'avais juste en dessous de la poitrine. "Blessurre grrrave quand terre grronder et detrruirre tout ! Moi faillirr mourrrirr ! Voirr ça quand dorrmirr !"  Je disais tout ces mots sans contrôler ma peur. Cet évènement me hantait.

La terre, gronder ? Tout détruire ? Mourir ? Meenah eut un peu de mal à comprendre, mais elle ne voyait pas vraiment de quoi il pourrait s'agir sinon de la catastrophe qui a ravagé le monde il y a dix neuf ans. Et elle voyait ça dans son sommeil... des cauchemars ? Décidément, celle-ci était bien sensible; il fallait être émotif pour continuer à faire des cauchemars presque vingt ans après. Enfin, non pas que ça n'était pas compréhensible... après tout, les pertes de la trollesse n'avaient été que matérielles - quelque part, ça a peut être du bon de traiter son armée comme tout un troupeau d'armes sans âme... - alors que la cicatrice qu'Elven portait sous sa poitrine était plutôt impressionnante.
Sa capacité à lever son haut en public sans la moindre gêne l'était aussi. Enfin, non pas que cela choque spécialement Meenah; si ça n'était pas parce que son tuteur lui avait appris à faire ainsi, elle ne se vêtirait sans doute même pas, et la seule raison pour laquelle elle gardait ses vêtements sur elle c'était parce que tout le monde faisait ça en Alanya... et aussi parce qu'elle aimait porter de l'or et des pierres. Vraiment. Toutes ces choses brillaient, alors toutes ces choses étaient merveilleuses.

- Hé, du calme. C'est fini, la catastrophe est passée, ça ne se reproduira plus... et puis, maintenant je t'ai proposé ma protection, si tu veux l'accepter, relança Meenah, n'ayant pas oublié son but initial malgré la douleur.

Je comprenais pas beaucoup ce qu'elle disais mais le peu que j'avais compris me calmait un peu. Je lâchait le petit haut, un simple bout de tissu, qui retombait jusqu'à hauteur du Ventre. 
Je courrait vers Meenah et m'agrippais à ses jambes en pleurant. "veux plus ça. Peurr ça. Dangerrreux ça. Humains aussi. Veux plus !!" 
Mon rêve m'avait complètement retourner l'esprit. J'avais besoin de réconfort mais je ne savais pas où le trouver. Brazier étant absent je n'avais personne

Zafreyja se leva, intriguée, et alla rejoindre Elven pour se frotter contre elle dans un grondement rassurant. Meenah, elle, avait posé un regard dubitatif sur la créature qui venait ainsi de se jeter à ses pieds... enfin, pas vraiment, mais c'était tout comme. Ca ne lui déplaisait pas, à vrai dire. C'était même plutôt plaisant... elle sourit d'un sourire mauvais qu'elle s'efforçait de garder neutre et posa sa main sur la tête d'Elven.

- Chut... c'est fini, lui susurra-t-elle. Ils ne te feront plus de mal... si tu restes avec moi. Hé, où est ton dragon ?

La trollesse leva la tête, comme pour scruter les cieux à travers les feuillages. Après tout, le plus avantageux dans le fait d'avoir un allié, c'était bien de profiter de ses dragons, non ?

je levais la tête pour regarder Meenah. "Brrazier parrti son côté."
Il partait souvent seul lorsqu'il avait besoin de voyager ou de se vider l'ésprit. A moins qu'il était avec le vivant violet reptilien. Mais ça je préferais le garder pour moi car les deux ne se supportent pas du tout. Ils avaient failli s'entretuer.
Mais bon cela n'était pas si grave. je me demandais vraiment si il avait eu raison de s'attaquer à la créature aquatique.
Mais pour l'instant elle m'apportait le réconfort dont j'avais besoin et cela me suffisait.
je serrait Meenah dans mes bras pour lui faire comprendre que j'avais besoin de réconfort

Brazier... elle supposait que c'était le nom du dragon. S'il était réellement parti, c'était embêtant ! Enfin, il finirait sans doute par revenir et nul doute ne fait qu'il s'allierait à elle lorsqu'il verrait que sa maîtresse lui faisait confiance.

Ozrael se mit soudainement à gronder, faisant sursauter Zafreyja qui se retourna immédiatement vers lui. Ses yeux mauvais scrutaient les environs sans arrêt, sa tête semblant comme mue par une force invisible, se tournant presque instantanément vers le moindre son qu'il semblait entendre. Il y avait quelque chose, c'était sûr; aussi Meenah observait attentivement son dragon et Zafreyja entoura Elven avec sa queue, prête à resserrer son étreinte pour la protéger au moindre danger.

Une ombre sembla passer dans le ciel, au dessus des feuillages, et un courant d'air l'accompagna. La trollesse posa à nouveau son regard sur la créature. Ce n'était pas l'envie d'en découdre qui lui manquait, mais son bras la faisait toujours souffrir... et elle risquait de perdre Elven si elle se montrait violente. Ah, quel foutu handicap. Facile à duper, mais pas simple de faire ce qu'elle voulait en sa présence...

- Il faut partir, décida-t-elle.

Le dragon pâle se mit à grogner et scruter les environs et la dragonne bleue m'entourait avec sa queue. Je m'y blotti sans demander quoi que ce soit lorsqu'une ombre passait au dessus des feuillage. Comme Ozrael, j'observait tout les environs jusqu'à ce que la créature aquatique décida de partir.
Je grimpais doucement sur le dos de la dragonne bleue et m'y cramponnais appeurée.

Meenah bondit instinctivement sur le dos du dragon mais ne put s'aider de ses deux bras pour se hisser sur son encolure, alors Ozrael l'aida à monter en la soutenant avec sa tête. Lorsqu'elle fut juchée sur le corps monstrueux de la bête, elle s'agrippa le plus fort possible à l'un des crochets avec son bras valide, serra les jambes et donna un grand coup de talons pour le faire décoller.
Le cracheflamme ne se fit pas prier et bondit dans les airs, suivi de près par Zafreyja qui avait une manière plus... douce de prendre son envol. La trollesse se concentra; sa tiare scintilla et elle prit le contrôle mental du dragon. Ce n'était pas tâche aisée : non seulement il y avait les difficultés habituelles liées à la catastrophe, mais en plus sa blessure qui la faisait souffrir détournait son attention... foutue catastrophe, tout était tellement mieux avant. Elle pesta et ordonna au dragon de perdre en altitude, ce qu'il fit en cessant de battre des ailes durant quelques secondes puis en les déployant soudainement pour planer. Zafreyja se contenta de planer selon un certain angle d'inclinaison.

Ainsi, ils se retrouvaient en dessous du niveau du sol de l'île Refuge et étaient en partie cachés par les brumes; si c'était un dragon de la garde qu'ils avaient vu passer, il aurait du mal à les retrouver. Heureusement que cette maudite tiare était là; un dragon de cette envergure, même si sa couleur blanche le camoufle légèrement dans les brumes, c'était tout de même assez visible.

Après une ou deux minutes de vol à une vitesse soutenue, Meenah repéra une faille dans la paroi d'une île, à peine visible; c'était sans doute une grotte ou une mine... cela constituerait un abri de choix, et si il s'agissait d'une mine il y aurait des gemmes incrustées dans les parois. Elles brilleraient. Tout brillerait, partout. Ce serait merveilleux, parce que tout ce qui brille est merveilleux.

Enfin bon; d'une commande mentale elle dirigea le dragon vers cette faille. Elle était à peine assez grosse pour le laisser entrer et il dut même rabattre ses ailes sur lui le temps de pénétrer la crevasse; ensuite il prit en altitude au sein même de la grotte et finit par se poser sur un plateau qui devait se trouver près du coeur de l'île. Meenah mit pied à terre et soupira avec désappointement; elle se trouvait dans une simple grotte, et non dans une mine.

Zafreyja se posa à son tour, Elven sur son dos. La trollesse leva les yeux vers la créature.

- Dis, tu ne parles pas beaucoup, toi.

Je me laissait porter par la dragonne bleue. Elle suivait le dragon pâle dans la brume. 
Puis il se dirigeait vers une île, dans une faille juste assez grande pour le laisser passer les ailes rabattue. Je m'agrippais fortement à la dragonne bleue. Je trouvais que le vent faisait beaucoup de bien mais je n'avais pas l'habitude de voyager sur un dragon que je connaissais à peine. Une fois poser dans la grotte, la créature aquatique me fit remarqué que je ne parlais pas beaucoup. connais pas bien langue parrler. Pas trrop comprrendrre. Moi parrler drragon. "  toujours avec une façon médiocre de parler mais en plus il était difficile de faire des phrases.

Donc elle connaissait la langue des dragons... ça n'était pas vraiment surprenant, compte tenu de son apparence. C'était embêtant, en revanche, et puis même sans ça... facile à duper certes, mais tellement ennuyeuse ! Peut-être que si Meenah l'aidait à retrouver son dragon, elle pourrait s'en servir pendant qu'Elven serait plus loin. Elle ne pensait pas qu'il serait bon de se la mettre à dos; non pas qu'elle avait peur, mais eh, elle avait soigné sa blessure et la trollesse n'y connaissait rien à rien aux plantes. Son rayon à elle, c'était le poisson.
Et puis il fallait bien l'admettre : même si elle ne voulait pas se l'avouer à elle même, la créature était plutôt attachante. Faible, fragile et peureuse, mais attachante. Elle se tourna vers elle alors qu'Ozrael était parti se coucher dans un coin, surveillant l'entrée de l'aven.

- Je vois... tu veux faire quelque chose ? lui proposa-t-elle.

Après tout, qui sait ? Elven pourrait finalement se révéler amusante... même si les formes d'amusement du point de vue de Meenah étaient assez mouvementées et que la créature semblait fuir l'agitation.